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Hujus cùm regeret mortales spiritus artus
Pictoris, Charites supplicuere Jovi :
Non alia pingi dextra, Pater alme, rogamus ;
Hunc præter, nulli pingere nos liceat.
Annuit his votis summi regnator olympi,
Et juvenem subito sidera ad alta tulit,
Ut posset melius Charitum simulacra referre
Præsens, et nudas cerneret indè Deas.


À la même époque, vivait Andrea del Gobbo, Milanais, coloriste agréable, qui a laissé beaucoup de peintures, à Milan, sa patrie. On voit à la Chartreuse de Pavie un grand tableau de l’Assomption de la Vierge, que la mort l’a empêché d’achever, et qui montre combien ce peintre était habile et aimait son art.

Le Corrége est un de ces hommes rares qui, préparant tant de choses glorieuses pour la postérité, n’en vivent pas moins ignorés et méconnus de leurs contemporains. Tristes et solitaires existences que rien ne soutient ni ne console au milieu des angoisses du doute et de la faim, si ce n’est une vague espérance de gloire après la mort, et le généreux dépit de leur conscience ! Le Corrége s’écriant devant un tableau de Raphaël : « Et moi aussi, je suis peintre ! » a exprimé dans sa sublime exclamation toute la profondeur de ses souffrances et toute l’intimité de ses joies. Comme le grand et malheureux Galilée, il nous a laissé dans ce cri de sa conviction le secret de son