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à sourire avec lui ceux qui le regardent. Il fit encore un Saint-Jérôme, d’une couleur si étonnante, que les peintres dans leur admiration s’accordent à dire qu’il est presque impossible d’aller plus loin.

Antonio fit également, pour différents seigneurs de Lombardie, plusieurs tableaux, deux entre autres qu’il acheva à Mantoue pour le duc Frédéric II, qui voulait les offrir à l’empereur. Jules Romain, en les voyant, dit qu’il ne connaissait personne dont le coloris pût se comparer à celui du Corrége.

L’un de ces tableaux représente une Léda nue, et l’autre une Vénus. Les carnations ont une morbidesse et un modelé dans les ombres qui les rendent semblables à la nature même. Dans un magnifique paysage, on voyait une de ces figures dont les cheveux sont d’une inimitable finesse de tons et de travail. Quelques gracieux amours essaient contre une pierre leurs flèches d’or et de plomb. Une eau claire et limpide, qui coule entre des rochers et vient baigner les pieds de Vénus, donne à cette déesse une grâce indéfinissable. Personne ne pouvait se défendre d’une certaine émotion en découvrant tous les charmes répandus dans cette composition. Aussi Antonio était digne pendant sa vie de tous les honneurs, et méritait après sa mort toute la gloire que la renommée et les écrits peuvent donner aux grands génies.

À Modène, il peignit une Vierge que tous les connaisseurs regardent comme la meilleure peinture de cette ville. À Bologne, les Ercolani, gentilshommes bolonais, possèdent un Christ qui apparaît à Marie-Madeleine dans le jardin.