Dans cette peinture, les raccourcis et les perspectives de bas en haut tiennent vraiment du prodige (2).
Il fut le premier qui introduisit en Lombardie le style moderne ; aussi pense-t-on que s’il eût quitté sa patrie pour visiter Rome, il eût enfanté des miracles et se fût montré un dangereux rival pour les grands hommes de son époque. Sans avoir vu les antiques et les bonnes productions modernes, il créa des chefs-d’œuvre : s’il les eût connus, n’est-il pas certain qu’il se serait encore perfectionné, et que de progrès en progrès il aurait atteint les dernières limites de l’art ? Aucun peintre ne surpassa ce divin artiste et ne put comme lui réunir la morbidesse et le relief, tant ses carnations étaient pleines de souplesse et de suavité, tant il savait donner de grâce et d’élégance à tous ses ouvrages.
Antonio fit pour la même cathédrale deux grands tableaux à l’huile, dans l’un desquels on voit un Christ mort, qui fut couvert d’éloges. À San-Giovanni de Parme, il peignit à fresque une tribune, où il représenta la Vierge montant au ciel, entourée d’une quantité immense d’anges et de bienheureux. On a peine à comprendre qu’il ait pu exécuter et même inventer cette admirable composition. Nous ne saurions décrire la beauté des draperies et le caractère des figures. Nous possédons dans notre recueil quelques études faites pour ce tableau et dessinées au crayon rouge par Antonio lui-même, ainsi que plusieurs croquis de sacrifices antiques, et divers ornements dans lesquels se jouent des enfants d’une beauté ravissante. Si Antonio n’avait pas donné