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GIORGIONE DA CASTELFRANCO.

sante, du calme mélancolique, et de la réserve élégante des peuples du Nord, à toutes ces têtes exaltées et actives de Naples, de Florence et de Venise. Mais quand le Giorgione peint d’une manière frappante le grand Gonsalve, Gaston ou Bayard, ou même les têtes tudesques du Fondaco, il les colore tous au soleil de l’Adriatique.

Les artistes d’un tel ordre et d’une telle trempe sont ceux qui pourraient le plus positivement s’appeler peintres d’histoire, car ils nous lèguent ce que l’art humain peut écrire de plus profond et de plus expressif ; et ils nous montrent encore aujourd’hui leurs contemporains vivant de la vie réelle, et animés de leurs passions. Voilà pourquoi Byron évoque Venise tout entière en contemplant quelques têtes du Giorgione.

NOTES.

(1) Son nom de famille était Barbarelli.

(2) Plusieurs auteurs font naitre le Giorgione un an ou deux plus tôt. — L’État de Trévise ou Marche trévisane appartenait alors à la République vénitienne, ainsi que Verone, Vicence, Padoue, la Bresse, la Dalmatie et le Frioul. — On peut remarquer ici que presque aucun des grands maîtres qui ont illustré Venise n’y est né, les États ont donné à son école le Bassan, le Porta et Jean d’Udine. Le Giorgione et Paris Bordone lui sont venus de Trévise. Le Titien, le Pordenone sont nés dans le Frioul ; les deux Veronese, Alexandre Turchi et Paul Caliari, à Vérone ; enfin, Andrea Schiavone était Dalmate, Jérôme Mutian Bressan, et Palme-le-vieux Bergamasque.

(3) L’exécution du Giorgione est très simple. De Piles fait observer que l’intelligence des oppositions en est le principal caractère.