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pas à succomber à la contagion. Il mourut à l’âge de trente quatre ans.

Sa mort affligea profondément ses amis, à qui son grand mérite le rendait cher, et fut une perte pour le monde entier.

Heureusement il laissa deux dignes élèves, Sébastien de Venise, nommé plus tard Frate del Piombo, à Rome, et Titien de Cadore, qui non-seulement égala mais surpassa grandement son maître. Nous dirons combien ces deux élèves du Giorgione illustrèrent notre art par leur science et leur génie  (6).



Plusieurs personnes savantes, entre autres le Boschini[1], ont vivement attaqué Vasari, pour avoir prétendu quee le Vénitien Giorgione avait, toute sa vie, imité la manière du Vinci. Il nous semble à nous aussi, qu’il faudrait s’élever contre cette assertion, si l’on pouvait admettre que Vasari l’ait posée dans toute sa rigueur. Mais on doit tenir compte à cet historien de ce qu’il déclare un peu plus loin, et du palliatif qu’il apporte, en annonçant que le Giorgione observa la nature avant tout, et n’imita aucune manière. Les deux affirmations, également tranchantes, se détruiraient mutuellement s’il fallait les prendre toutes les deux au pied de la lettre ; et le Vasari, en ce cas, resterait coupable d’une inconséquence ou d’un non-sens. Mais nous croyons qu’il

  1. Marco Boschini, la Carta del navegar pittoresco. – Venez., 1660