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son d’un agneau. Le vénérable patriarche attache un grand prix à ces trois peintures, qui montreraient à elles seules tout le talent du Giorgione.

À Florence, les Borgherini possèdent le portrait de leur père Giovan qui, dans sa jeunesse, se fit peindre par notre artiste ; son précepteur est à côté de lui, sur la même toile. Dans ce double portrait les chairs sont admirablement traitées, et les tons de l’ombre sont de la plus grande richesse.

Dans la maison d’Anton de Nobili, se trouve le portrait d’un capitaine revêtu de son armure. Tête pleine d’ardeur et de fierté, dans laquelle on croit reconnaître un des officiers que Gonsalvo Ferrante conduisit à Venise, quand il y vint visiter le doge.

Giorgione peignit, à la même époque, Gonsalvo lui-même couvert de ses armes ; et le grand capitaine emporta cette inestimable peinture. Giorgione fit quantité d’autres portraits maintenant épars çà et là en Italie ; tous sont de la plus grande beauté, comme le prouve celui de l’illustre doge Leonardo Loredano, que j’ai vu exposé à une fête de l’Assomption, et qui m’a semblé vivant. Il a fait aussi le portrait du beau-père de Giovan da Castel-Bolognese, célèbre graveur en pierres fines et en cristaux, à Faenza. Cette peinture est également pleine d’harmonie et de ressort.

Le Giorgione aimait beaucoup peindre à fresque. Parmi ses nombreux travaux en ce genre, on peut citer toute la façade de Cà-Soranzo, sur la place San-Paolo (4). On y remarque, entre autres tableaux et motifs, un morceau peint à l’huile sur la chaux qui a