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on ne voit pas qu’elle lui ait été beaucoup en aide. Tandis que des marchands florentins vendaient au poids de l’or ses peintures à Milan, son beau projet du canal de Pise n’était point accueilli dans sa ville natale, bien qu’on y exécutât les travaux les plus hardis. Sa grande jeunesse en était peut-être cause ; quoi qu’il en soit, quelque chose lui manquait en Toscane ; car, dès 1482, il avait déjà été à Milan, où ne devait point l’appeler le désir d’instruction, mais plutôt le besoin d’encouragements supérieurs[1]. En 1494, il écrivait au duc Sforce, en lui demandant de l’emploi : « Je puis, en temps de guerre, employer des machines nouvelles, telles que ponts, canons, bombardes, pièces de menue artillerie, toutes de mon invention et faisant le plus grand ravage ; attaquer places fortes et les défendre, par moyens non encore pratiqués ; en temps de paix je suis capable en peinture, sculpture, architecture, mécanique et conduite d’eau, de tout ce qu’on peut attendre d’une créature mortelle. » Et il le prouva. Cependant il était âgé au moins de cinquante ans, sous la magistrature de Soderini[2], qu’on n’avait pas encore songé à lui pour aucun travail important, à Florence. En outre, on peut attribuer le non-achèvement de son tableau de la Défaite de Piccinino, aussi sûrement peut-être à la rivalité de Michel-Ange qu’à la mauvaise préparation de l’enduit. Un fait d’ailleurs sur lequel le Vasari glisse manifestement,

  1. Amoretti, Mem. storiche, pag. 20.
  2. De 1502 à 1512.