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artiste eût senti qu’il ne pouvait espérer un plus grand honneur sur cette terre, il expira dans les bras du roi. Il avait soixante-quinze ans (14).

Sa perte fut profondément sentie par tous ceux qui l’avaient connu ; car personne plus que lui n’avait honoré notre art. Son éclatante beauté et sa vive physionomie rassérénaient les âmes les plus tristes, sa parole persuadait les esprits les plus rebelles, et sa force domptait les colères les plus violentes. Il ployait dans sa main, comme une lame de plomb, le fer d’un cheval ou le battant d’une cloche. Il était libéral à ce point, qu’il accueillait et nourrissait dignement tout homme de mérite, pauvre ou riche. On l’a vu par sa seule présence, ou par la moindre de ses dispositions, donner un aspect de luxe et d’élégance au réduit le plus sale et le plus délabré. Enfin Florence, heureuse de l’avoir vu naître, doit amèrement pleurer sa mort.

Dans ses mains, la peinture à l’huile acquit une intelligence nouvelle du clair-obscur, qui lui assura plus de force et de solidité. La sculpture, dans nos temps modernes, s’éleva par lui au galbe le plus hardi et au style le plus ferme ; on le peut voir dans les trois figures qu’il fit exécuter, sous ses conseils et sa direction, par Gio. Francesco Rustici, sur la porte septentrionale de San-Giovanni. Ses profondes connaissances dans toutes les branches de l’art, sa parfaite entente de l’anatomie, surtout de celle de l’homme, lui assurent incontestablement l’immortalité, quoiqu’il ait dépensé plus de temps à parler qu’à agir.