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cornes et de la barbe, et l’ayant apprivoisé, il le portait dans une boîte d’où il le faisait sortir pour effrayer ses amis.

Il aimait à se divertir par de semblables inventions. Souvent il faisait nettoyer et dégraisser minutieusement les boyaux d’un mouton, et les réduisait au point de pouvoir les renfermer dans la paume de sa main. Après en avoir introduit un bout dans une pièce voisine de celle où il recevait, il y adaptait un soufflet de forge, et les gonflait par ce moyen de telle sorte que les visiteurs devaient se réfugier dans un coin, et quelquefois sortir. Léonard comparait la vertu à ces boyaux transparents, qui tenaient d’abord si peu de place et à qui il en fallait une si grande ensuite. Il se livra à toutes sortes de folies semblables, s’appliqua à connaître l’effet des miroirs, et fit d’étranges essais pour trouver des huiles et des vernis propres à conserver la peinture. Dans ce temps-là il peignit, avec infiniment d’art et de soin, la Vierge et son fils pour Messer Baldassare Turini da Pescia, dataire de Léon ; mais cet ouvrage est aujourd’hui fort altéré, probablement à cause de la mauvaise impression de la toile et de ses nombreux et capricieux mélanges. Dans un autre tableau, il représenta un petit enfant merveilleusement beau et gracieux. Ces deux choses sont aujourd’hui à Pescia, chez Messer Giulio Turini.

Léon X commanda un tableau à Léonard, qui aussitôt se mit à distiller des huiles et des plantes pour composer un nouveau vernis. Alors le pape, dit-on, s’écria : « Hélas ! cet homme ne fera rien, puis-