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Il nous faut maintenant revenir aux autres ouvrages de notre grand artiste.

Le roi de France, étant à Milan, pria Léonard de lui faire quelque chose d’étonnant et de bizarre. Léonard imagina de fabriquer un lion qui, après avoir marché quelques pas, s’ouvrit la poitrine que l’on vit pleine de lis.

Le Vinci avait pour élève un jeune Milanais, nommé Salai, qu’il aimait à cause de sa beauté parfaite, de sa grâce et de ses longs cheveux ondoyants et bouclés. Il lui enseigna beaucoup de choses. Plusieurs ouvrages, dont à Milan on attribue tout l’honneur à Salai, furent retouchés par son maître.

Léonard retourna à Florence (9) au moment où les frères Servites venaient de confier à Filippino le tableau du maître-autel de la Nunziata ; il regretta de ne point en avoir été chargé. Filippino, digne et excellent homme, l’ayant appris, y renonça en sa faveur. Léonard vint s’installer avec sa famille chez les bons frères, qui l’hébergeaient et le défrayaient de tout. Long-temps il les berça d’espérances, sans toutefois rien commencer. Enfin il fit son carton, représentant la Vierge, sainte Anne et le Christ (10). Quand il l’eut terminé, il l’exposa deux jours. Non-seulement tous les peintres l’admirèrent beaucoup, mais le peuple se pressa à i’envi pour le contempler, et s’assembla en foule comme aux fêtes solennelles. Ce triomphe fut complet. On voit sur le visage de la Vierge cette simplicité, cette beauté et cette grâce, jointes à la modestie et à l’humilité qui caractérisent la mère du Christ. Elle presse son fils sur son