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Léonard, qui de son côté fit un livre, dont les figures sont dessinées à la sanguine avec des hachures à la plume. Après les études de pure ostéologie viennent celles des nerfs et des muscles, divisées en trois sections : la première pour la couche la plus profonde, la seconde pour la couche moyenne, la troisième enfin pour la couche superficielle. Chacune de ces figures est accompagnée de notes explicatives en caractères bizarres, tracés à rebours et de la main gauche, de façon que celui qui n’en a pas l’habitude n’en peut rien déchiffrer sans l’aide d’un miroir.

La plupart de ces dessins d’anatomie appartiennent à Messer Francesco da Melzo, gentilhomme milanais, noble et beau vieillard, qui, du temps de Léonard, était un bel et gracieux enfant fort aimé de lui. Francesco da Melzo les garde comme un précieux reste de son ami, ainsi qu’un portrait de cet homme d’heureuse mémoire.

Certes, il y a lieu à un grand étonnement quand on lit les traités où ce grand peintre parle, avec tant de profondeur et de raison, d’art, d’anatomie et de toutes choses.

Léonard a encore laissé d’autres livres, également en caractères tracés de la main gauche et à rebours, qui traitent de la peinture, des secrets du coloris et des règles du dessin. Ils sont dans les mains de N. N., peintre milanais, qui vint, il y a peu de temps, me trouver à Florence. Il voulait faire imprimer ces manuscrits, disait-il, et il les emporta à Rome pour les publier. J’ignore ce qu’il en est résulté (8).