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vent de ses occupations. Un jour, Cosme de Médicis, pour lequel il travaillait, le renferma dans son palais, afin qu’il n’allât pas perdre son temps dehors. Mais, au bout de deux jours, incapable de résister à sa fureur amoureuse, pour ne pas dire bestiale, Fra Filippo s’arma d’une paire de ciseaux, découpa en bandes les draps de son lit, les attacha à la fenêtre, descendit dans la rue, et courut se plonger dans toutes sortes de plaisirs pendant plusieurs jours. Après de longues et nombreuses recherches, Cosme parvint à le ramener au travail. Toutefois, il n’eut plus recours qu’aux caresses pour le retenir, et il se promit bien de ne plus le mettre sous clef à l’avenir, car il tremblait en songeant au danger qu’il avait bravé afin de satisfaire sa folie.

Fra Filippo peignit avec soin, dans l’église de Santa-Maria-Primerana, sur la place de Fiesole, une Annonciation où l’on admire un ange d’une beauté vraiment céleste. Il traita le même sujet pour le maître-autel des religieuses delle Murate qui lui doivent, en outre, différents traits de la vie de saint Benoît et de saint Bernard, contenus dans un seul cadre. Au-dessus d’une porte du palais de la Seigneurie il représenta encore une Annonciation, et au-dessus d’une autre porte du même palais un saint Bernard. Il enrichit aussi la sacristie de Santo-Spirito de Florence d’une Madone entourée d’anges et de saints. Cet ouvrage est fort estimé par les maîtres de nos jours. À San-Lorenzo il laissa une nouvelle Annonciation dans la chapelle des fabriciens, et un tableau inachevé dans celle de la Stufa, et à Sant’-