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PRÉFACE DES TRADUCTEURS.

Le Vasari n’est pas, comme on a pu le voir déjà, un écrivain bien méthodique. Premier historien des arts en Italie, il n’a pas su ou il n’a pas voulu appuyer son précieux et intéressant travail sur ces bases exactes et rigoureuses par lesquelles seulement un livre prend un caractère élevé d’ordre et de clarté. Inattentif ou rebelle à toute règle et à toute mesure, il respecte peu la chronologie et interrompt souvent comme à plaisir la marche et la succession des écoles. Ce reproche, qu’on peut lui adresser en toute sûreté, ne lui a guère été épargné. Tous les auteurs qui sont venus après lui se sont fait une conscience et un devoir de commencer tout d’abord par l’attaquer vivement à cet égard. Cependant, après tant et tant d’ouvrages dans lesquels on n’a pas dédaigné de s’approprier la substance entière du sien, en se flattant uniquement de l’avoir plus prudemment élaborée, le travail du Vasari n’en est pas moins le seul qui soit resté placé aussi haut par l’utilité et l’opinion. Et tout en blâmant la manière dont son histoire avait été conduite, on a souvent, en Italie, exprimé ce désir inconséquent de la voir continuer jusqu’à nos jours, sur le même plan et par quelque homme imbu du même esprit. C’est qu’il y a probablement deux manières de juger un livre, surtout un livre spécial. La première est de l’apprécier naïvement et absolument, non pas au point de vue de sa contexture et de sa façon, mais au point de vue du parti qu’on en tire, quel qu’il soit, des impressions qu’il fournit, des pensées qu’il suggère, du profit et de l’instruction enfin qu’on y trouve. La