Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mique, comme on peut en juger par la copie que possède Bartolommeo Gondi.

En peu d’années, Pietro acquit un tel crédit, que ses ouvrages se répandirent, non-seulement à Florence et en Italie, mais encore en France, en Espagne, et dans les autres pays étrangers. Ils devinrent même, pour les marchands qui les recherchèrent et les envoyèrent au loin, la matière de spéculations fort lucratives.

Pietro fit, pour les religieuses de Santa-Chiara, un Christ mort, dont le coloris avait tant de charme, que tous les artistes pensèrent qu’il ne tarderait pas à enfanter des merveilles. On voit, dans ce tableau, quelques têtes de vieillards d’une beauté rare, et les Maries qui contemplent avec un amour indicible le corps du Sauveur. Le paysage ne fut pas moins admiré, car, jusqu’alors, on avait été loin de traiter ce genre avec la perfection que nous connaissons aujourd’hui. On dit que Francesco del Pugliese offrit, de ce tableau, aux religieuses, trois fois le prix qu’elles l’avaient payé, en s’engageant de plus leur en rendre une copie de la main de Pietro lui-même ; mais elles refusèrent ce marché, parce que notre artiste leur dit qu’il croyait ne pouvoir en produire un second aussi complet.

Le couvent des Jésuates, situé au delà de la porte Pinti, renfermait aussi de nombreuses peintures de Pietro. Comme ce couvent et l’église qui en dépendent ont été jetés à terre, je n’irai pas plus avant, avant d’en avoir dit quelques mots. L’église, bâtie par Antonio di Giorgio de Settignano, avait quarante