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le mauvais, et que, durant l’été, il faut se bâtir une maison, pour se mettre à l’abri des rigueurs de l’hiver. Mais, afin que l’on connaisse mieux la marche de cet artiste, nous allons le prendre à son premier pas.

Il naquit à Pérouse, de Cristofano, pauvre homme de Castello della Pieve, qui le baptisa sous le nom de Pietro (1). Élevé entre la misère et la souffrance, Pietro fut donné comme apprenti à un peintre de Pérouse qui n’était pas très-habile, mais qui avait en haute vénération l’art elles artistes éminents (2). Ce maître ne cessait de lui répéter de quel profit et de quel honneur est la peinture pour celui qui l’exerce avec distinction. Le récit des récompenses gagnées par les anciens et les modernes excitait chaque jour l’ardeur de Pietro, qui se promit d’en obtenir de pareilles, si la fortune voulait l’aider un peu. S’il rencontrait quelqu’un qui eût couru le monde, il l’interrogeait aussitôt, pour savoir dans quel pays se formaient les meilleurs artistes. Son maître, auquel il adressait souvent la même demande, lui répondait toujours que les hommes les plus parfaits dans tous les arts, et spécialement dans la peinture, venaient à Florence, où l’on est rudement éperonné par trois choses. La première est la critique, qui repousse impitoyablement la médiocrité, et n’accepte que le beau et le bon, sans aucun égard pour les personnes. La seconde est la nécessité d’être industrieux, lorsqu’on veut y vivre, ce qui signifie qu’il faut se tenir continuellement en haleine, être adroit et expéditif, et enfin avoir la