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Strà-Castione. Ce dernier tableau représente la Vierge avec son fils, saint Georges, saint Jean-Baptiste, saint Étienne, saint Augustin, et un ange si gracieux, qu’on le croirait descendu du paradis. Le Francia fit encore deux tableaux dans la même ville, l’un pour l’oratoire de San-Francesco, et l’autre pour celui de San-Girolamo, et, en outre, une Nativité du Christ d’une rare perfection, et deux belles figures à fresque, pour son intime ami Messer Polo Zembeccaro. Une autre fresque magnifique du Francia se trouve chez Messer Ieronimo Bolognino. Tous ces travaux le mirent en telle vénération à Bologne, qu’on l’y regardait comme un dieu. Le duc d’Urbin le chargea de peindre, sur un caparaçon, une forêt embrasée, de laquelle s’échappaient une multitude d’oiseaux et d’animaux de toutes les espèces, ce qui offrait un terrible spectacle. Il fallut au Francia un temps considérable pour rendre tous les détails si minutieux des plumes des oiseaux, de la robe des animaux, et les variétés infinies des divers feuillages. Ce travail lui valut de riches présents et la bienveillance du duc, qui fut très-flatté des éloges qu’il en reçut. Le duc Guidobaldo possède, de notre artiste, dans sa galerie, une Lucrèce d’un haut prix, et beaucoup d’autres peintures, dont nous parlerons quand il en sera temps. Le Francia fit ensuite, pour l’autel de la Madonna, à S.-Vitale-ed-Agricola, deux anges qui jouent du luth.

Afin d’être bref, je passerai sous silence les tableaux et les innombrables portraits du Francia, que l’on rencontre chez la plupart des gentilshommes de