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drale, non-seulement donnèrent une impulsion nouvelle à l’école de Sienne et l’initièrent au progrès, mais, de plus, exercèrent une énorme influence sur toutes les autres écoles. Cette série de onze grands tableaux, qui représente l’Histoire complète d’un pape dont la vie est liée à tous les événements mémorables du siècle, fait époque dans les annales de l’art. Personne jusqu’alors n’avait osé aborder des compositions historiques d’une telle étendue, d’une telle hardiesse. La peinture ne s’était guère encore attaquée qu’aux sujets évangéliques, dont la répétition fréquente, écrit Lanzi, avait aplani la route au plagiat ; et, lorsqu’elle avait eu à traiter des scènes profanes, elle ne s’en était tirée qu’en les réduisant à de maigres proportions. Le prodigieux succès obtenu par le Pinturicchio, dans un genre où l’on est autorisé à affirmer qu’il fut le premier à s’essayer, montre que maître Giorgio s’est tout au moins trompé quand il avance que ce grand artiste était loin de mériter sa renommée ; et, au lieu de sembler lui faire un reproche de s’être allié Raphaël, Vasari, il nous semble, aurait dû plutôt le combler d’éloges, à front découvert, pour avoir osé appeler un jeune homme de vingt ans à partager la plus riche, la plus vaste entreprise du quinzième siècle, pour avoir su deviner, dans les croquis de l’écolier du Pérugin, le génie du peintre de la Transfiguration. D’ailleurs, on sait que le Pinturicchio revint une seconde fois professer à Sienne, et les enseignements qu’il y laissa furent tout aussi puissants, tout aussi féconds que ceux du Mantegna à Man-