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aux Gaddi, aux Margaritone, aux Giottino, aux Starnina, aux Lippo, dont s’enorgueillissait Florence, sa jalouse rivale. Maintenant, à Paolo Uccello, à Masolino da Panicale, à Masaccio, à Pietro della Francesca, elle n’a plus à opposer que l’obscur Ansano, l’aride Bernardino Fungai, le faible Neroccio, le mou Andrea del Brescianino, et leur chef Capanna, dont on appréciera facilement la valeur, quand on saura qu’il était incapable de peindre sans le secours des dessins d’autrui. En n’accordant des travaux qu’à ses propres citoyens, Sienne ne songeait pas que si, d’un côté, elle favorisait leurs intérêts matériels, de l’autre côté, elle nuisait à leurs progrès, entravait leur développement, énervait et appauvrissait leurs forces, en les isolant, en les préservant de tout contact, de toute lutte avec les maîtres des autres villes d’Italie. Le mal s’était déjà manifesté d’une manière effrayante, lorsque l’on comprit d’où il procédait. Pour y remédier, on résolut alors, bien qu’un peu tard, de faire appel aux écoles étrangères. Néanmoins, Sienne était trop fière pour demander des auxiliaires à Florence, son éternelle ennemie ; aussi préféra-t-elle avoir recours à Pérouse, qui lui envoya d’abord Benedetto Buonfiglio, puis Pietro Vanucci, et enfin Bernardino Pinturicchio. Ce dernier sentit toute l’importance de la haute mission qui lui était confiée, et réussit à s’en montrer digne. Aussi avons-nous fort à cœur de détruire les préventions fâcheuses que le préambule de sa biographie aurait pu exciter contre lui. Les fresques dont il décora la bibliothèque de la cathé-