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BERNARDINO PINTURICCHIO,

PEINTRE PÉRUGIN.

La fortune se plaît souvent à prodiguer ses faveurs aux gens de peu de mérite, tandis qu’elle accable de ses dédains les hommes que distinguent les plus rares qualités. Elle semble vouloir adopter ceux qui dépendent entièrement d’elle, ceux qui, dépourvus entièrement de talents, resteraient, sans ses caprices, plongés dans la plus profonde obscurité. Ainsi, Pinturicchio de Pérouse, malgré la quantité de ses productions, était loin de mériter la renommée qu’il obtint. Néanmoins il possédait l'intelligence des grandes machines, et il savait diriger les nombreux aides dont il fut toujours entouré. Après avoir exécuté dans sa jeunesse une foule d’ouvrages avec son maître Pietro de Pérouse qui lui abandonnait le tiers des profits, Pinturicchio fut appelé à Sienne par le cardinal Francesco Piccolomini pour décorer la bibliothèque qui avait été élevée par le pape Pie II, dans la cathédrale de cette ville. Les esquisses et les cartons de tous les tableaux qu’il y fit sont dus à Raphaël d’Urbin qui avait été son camarade et son condisciple chez Pietro, dont il avait