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moitié, lorsqu’il fut assailli par une fièvre violente et une esquinancie qui, en peu de temps, le conduisirent au tombeau. Il était alors âgé de quarante-cinq ans. Il fut regretté de tous ceux qui l’avaient connu, et particulièrement de la jeunesse de sa noble patrie, qui n’avait jamais fait en vain appel à son incomparable talent pour ordonner les fêtes publiques, les mascarades, et d’autres semblables spectacles.

Filippo Lippi réussit à effacer la tache de sa naissance, non-seulement par la supériorité de son talent, mais encore par sa modestie, son affabilité et sa courtoisie, qualités dont la puissance n’est connue que de ceux qui les possèdent ou qui en ressentent les effets.

Filippo fut inhumé par ses fils (12) à San-Michelele-Bisdomini, le 3 avril 1505. Lorsqu’on porta son corps à sa dernière demeure, toutes les boutiques de la via de’ Servi se fermèrent, comme s’il se fût agi des obsèques d’un prince (13).

Les élèves de Filippo furent loin de l’égaler. Raffaellino del Garbo laissa de nombreux ouvrages, comme nous le dirons en son lieu, mais il ne confirma pas la bonne opinion que, dans sa jeunesse, il avait fait concevoir à son maître. Ainsi les fruits de l’été ne répondent pas toujours aux fleurs du printemps. Niccolò Zoccolo, autrement appelé Niccolò Cortoni, ne se distingua pas davantage. Il décora la façade de l’autel de San-Giovanni-Decollato d’Arezzo, et fit, à Sant’-Agnesa, un petit tableau digne d’éloges (14). À l’abbaye de Santa-Fiora, il