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fit un autre tableau à San-Salvadore, hors de Florence, et, pour son ami Piero del Pugliese, une composition pleine de petites figures si soigneusement travaillées, qu’un citoyen lui en ayant demandé une semblable, il lui répondit qu’il lui serait impossible de la faire.

À la prière du vieux Laurent de Médicis (7), il accepta ensuite une vaste entreprise qu’il devait exécuter à Rome pour Olivieri Caraffa, cardinal napolitain. En se rendant à Rome, il passa, suivant le désir de Laurent, à Spolète, pour donner ordre d’élever un mausolée de marbre en l’honneur de son père, Fra Filippo Lippi, dont le corps avait été refusé à Laurent, qui voulait le transporter à Florence. Filippo dessina ce tombeau dans un beau style ; il fut richement construit aux frais de Laurent, comme nous l’avons dit ailleurs. Arrivé à Rome, Filippo peignit, dans une chapelle de la Minerva, pour le cardinal Caraffa, différentes scènes de la vie de saint Thomas d’Aquin et quelques sujets poétiques, qu’il traita avec la verve qui lui était naturelle (8). Il y figura la Foi arrêtant l’Infidélité et l’Hérésie ; l’Espérance terrassant le Désespoir, et, en un mot, chaque vertu subjuguant le vice qui lui est contraire. On voit ensuite saint Thomas prêchant contre les hérétiques ; à ses pieds se tiennent vaincus Sabellius, Anus et Averroës. Nous conservons dans notre recueil le dessin de cette composition, avec beaucoup d’autres, de la main de Filippo, et qui se distinguent par une telle habileté d’exécution, qu’il serait difficile de faire mieux. Dans la même chapelle, il re-