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par le Corrége, malgré ses échanges avec ses rivales, n’a rien de commun avec elles, tant elle se met hors de ligne par la science suprême des raccourcis, par l’entente profonde de la perspective, par la suavité et la richesse incomparables de son coloris.

L’école de Crémone, qui eut d’abord pour chef le Boccaccino et ensuite les Campi, se fait remarquer par sa sobriété et sa force, par la délicatesse de son goût et l’élégance de ses draperies, par la vérité de sa couleur et par l’intelligence du nu et des grands effets d’ensemble.

L’école de Milan, fidèle observatrice des préceptes de Léonard de Vinci, se distingue par la vigueur du clair-obscur, par la noble simplicité de la composition, par la finesse du travail, et en même temps par la sublimité philosophique de l’expression.

L’école de Modène, véritable type d’éclectisme, se personnifie en Niccolò dell’Abate, lequel, comme l’a exprimé Augustin Carrache dans un sonnet fort connu, avait emprunté son dessin à Rome, son coloris et sa chaleur à Venise, son énergie à Michel-Ange, sa régularité à Raphaël, sa solidité au Tibaldi, sa savante invention au Primatice, son naturel au Titien, et sa grâce au Parmigiano.

Quant à l’école de Mantoue, à laquelle le Mantegna, et plus tard Jules Romain, imprimèrent une si puissante impulsion, elle donna de trop nombreuses et trop éclatantes preuves de vitalité, pour qu’il soit permis de nier sérieusement son existence. Lorsque ses productions ne portent pas le cachet si brutal et si fastueux de Jules Romain, ne se font-