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Dans notre recueil, nous avons d’Andrea une Judith mettant la tête d’Holopherne dans un sac que lui présente un esclave maure. Ce dessin est en clair-obscur, mais dans une manière maintenant inusitée. Le blanc du papier remplace la céruse, et est si habilement ménagé que les cheveux et les détails les plus minutieux semblent tracés par le pinceau le plus délicat. On pourrait jusqu’à un certain point dire que c’est une peinture plutôt qu’un dessin (6).

À l’exemple du Pollaiuolo, Andrea Mantegna se plut à graver sur cuivre. Entre autres choses, il reproduisit ainsi ses Triomphes. Ces estampes lui firent beaucoup d’honneur, car on n’avait encore rien vu de mieux. Parmi les dernières productions d’Andrea, il faut ranger une peinture en détrempe qu’il exécuta à Santa-Maria-della-Vittoria, église bâtie sur ses dessins par le marquis Francesco Gonzaga, général des Vénitiens, en mémoire de la défaite des Français sur le fleuve de Taro. Ce tableau, placé sur le maître-autel, représente saint Michel archange, sainte Anne et le petit saint Jean recommandant le marquis à la Vierge, qui, assise sur un piédestal, étend la main sur ce seigneur en signe de protection. Le marquis fut si satisfait de cet ouvrage, qu’il récompensa magnifiquement Andrea et le mit en état de soutenir dignement le titre de chevalier qu’il lui conféra.

Parmi les concurrents d’Andrea, on remarque Lorenzo da Lendinara, peintre très-estimé à Padoue Cet artiste laissa quelques figures en terre