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vante entente de la perspective verticale. Ayant placé le plan sur lequel posent ses figures plus haut que l’œil du spectateur, il eut soin de faire fuir peu à peu, et disparaître autant que le demandait le point de vue qu’il avait adopté, les pieds et les jambes des personnages qui se trouvaient derrière ceux qui occupaient le plan le plus avancé. Il fit de même pour les vases et les autres ornements et instruments dont on n’aperçoit que le dessous. Cette méthode fut observée avec soin par Andrea dal Castagno dans sa cène du réfectoire de Santa-Maria-Nuova. On le voit, ces vaillants maîtres n’épargnaient pas la peine pour arriver à rendre la nature dans toute sa vérité (4). Et pour tout dire en un mot, le Triomphe dont nous venons de parler ne saurait être plus beau, et ne put qu’accroître la vive amitié que le marquis Gonzaga portait au Mantegna.

La renommée de notre artiste se répandit même si loin qu’elle frappa les oreilles d’Innocent VIII. Ce pontife l’appela aussitôt pour décorer, en compagnie de plusieurs autres peintres, le Belvédère qu’il venait d’achever. Mantegna se rendit donc à Rome, où il fut fortement recommandé par le marquis Gonzaga, qui, de plus, pour le mettre en aussi belle position que possible, le créa chevalier. Il reçut l’accueil le plus flatteur de Sa Sainteté, qui de suite lui confia une petite chapelle. Andrea y travailla avec tant de soin et d’amour, que les murs et la voûte semblent couverts de miniatures plutôt que de peintures. Au-dessus de l’autel, il peignit à