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L’abbé de l’abbaye de Fiesole, son parent et son ami, en eut un que l’on conserve aujourd’hui dans la bibliothèque de cette sainte maison, et qui renferme la Vierge et l’enfant Jésus entourés de têtes d’anges d’une grâce ineffable.

Le marquis Lodovico Gonzaga combla toujours d’estime et de faveur Andrea qu’il avait connu à Mantoue. Il le chargea de peindre un petit tableau pour la chapelle du château de cette ville, où l’on admire encore des figures en raccourci qui dénotent une habileté extraordinaire, bien que l’on puisse reprocher un peu de sécheresse et de maigreur à la manière dont sont traitées les draperies. Mais le chef-d’œuvre de Mantegna est le Triomphe de César qu’il peignit dans une salle du palais de San-Sebastiano, à Mantoue, pour le même marquis (3). Dans cette vaste composition se déroule toute la pompe qui doit présider à une semblable solennité. Derrière un char magnifiquement décoré, autour duquel brûlent de l’encens et des parfums précieux, on voit les parents du triomphateur, les prêtres, les taureaux couronnés pour le sacrifice, les prisonniers, les dépouilles de l’ennemi, les éléphants, les représentations des victoires et des villes conquises avec une multitude de trophées, de casques, de cuirasses, de vases et d’ornements de tout genre. Parmi les spectateurs on remarque une femme tenant par la main un enfant qui pleure en montrant à sa mère, avec des gestes pleins de grâce et de naturel, une épine qui lui est entrée dans le pied. Cette peinture d’Andrea se distingue par une sa-