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moulés sur l’antique et des tableaux sur toile qui venaient de divers endroits, et particulièrement de Toscane et de Rome. À l’aide de ces modèles, Andrea ne laissa pas que de faire de remarquables progrès dans sa jeunesse. Il était, en outre, vivement aiguillonné par la noble émulation qu’excitait en lui Marco Zoppo de Bologne, Dario de Trévise, et Niccolò Pizzolo de Padoue, autres élèves de son père adoptif. Andrea n’avait pas plus de dix-sept ans lorsqu’il acheva le tableau du maître-autel de Santa-Sofia, qui paraît peint par un maître vieilli sous le harnais plutôt que par un enfant. Le Squarcione le chargea ensuite de décorer, avec Niccolò Pizzolo, la chapelle de San-Cristofano, aux Eremitani de Sant’-Agostino de Padoue. Niccolò y fit un Père Éternel, dans toute sa majesté, assis au milieu des docteurs de l’Église. Ces figures ne sont pas jugées inférieures à celles d’Andrea. Les productions de Niccolò sont peu nombreuses, mais possèdent de rares qualités. Certes, s’il eût eu pour la peinture la même passion que pour les armes, il serait parvenu au premier rang, et, probablement, il aurait vécu davantage. Son humeur belliqueuse lui ayant attiré beaucoup d’ennemis, un jour, en sortant de son atelier, il fut traîtreusement assassiné. Je ne sache pas qu’il ait laissé d’autres ouvrages qu’un Père Éternel, dans la chapelle d’Urbano Perfetto. Andrea demeura donc seul. Il peignit, dans la chapelle des Eremitani, quatre Évangélistes qui firent concevoir de lui de si hautes espérances, qu’il obtint en mariage la fille de Jacopo Bellini, peintre