veux t’enseigner à employer l’huile sur les murs et sur les panneaux, ainsi que le pratiquent les Allemands. » Dans les chapitres suivants, Cennino, d’une manière encore plus explicite, parle de l’huile cuite de lin et de celle de noix, comme d’excellents siccatifs pour la peinture[1]. Certes, en voilà plus qu’il n’en faut pour prouver que la méthode de Théophile n’avait pas cessé d’être connue, et que Jean de Bruges n’eut point à communiquer son prétendu secret à Antonello de Messine ; car ce dernier fait, suivant Lanzi lui-même[2], aurait eu lieu en 1440, et le manuscrit de Cennino porte la date authentique de 1437.
Mais nos adversaires ne s’avouent pas battus pour si peu. Ils se redressent fièrement pour proclamer que des essais tentés par d’habiles chimistes sur quelques tableaux des treizième et quatorzième siècles n’ont pas amené la plus légère gouttelette d’huile. Par urbanité, nous nous abstiendrons de leur répondre que cela démontre simplement qu’ils n’ont mis entre les mains de leurs chimistes que des tableaux en détrempe. Nous nous abstiendrons également de leur opposer les nombreuses analyses chimiques qui nous sont favorables ; par exemple, celles opérées par M. de Mechel sur les panneaux de la galerie impériale de Vienne. Nous n’acceptons pas plus ces dernières expériences que les premières. Lorsque cinq ou six siècles ont fait subir à un tableau toutes les altérations qui résultent des injures