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suffisent encore pour nous montrer combien furent heureuses et profondes les études que firent les Grecs sur le plus beau de tous les animaux.

L’antiquité possédait une foule de races célèbres, telles que celles de Cappadoce, d’Épire, de Perse et d’Achaïe ; mais les statuaires accordaient une préférence marquée aux coursiers de Thessalie, dont la structure nerveuse et élancée leur offrait les formes les plus élégantes. Phidias, le premier, les prit pour modèles dans ses chevaux du Parthénon, auxquels il donna cette croupe arrondie, cette large poitrine, ce ventre bien soutenu, ces jambes fines et vigoureuses, cette tête sèche et admirablement proportionnée, ce cou musculeux, cette ardeur indomptable, et ces mouvements sveltes, gracieux et agiles, qui distinguent la race thessalienne. Après Phidias, ce type fut observé comme le plus parfait, pendant près de cinq cents ans, par les statuaires et les graveurs de la Sicile et de la grande Grèce, ainsi que le témoignent les fragments et les anciennes monnaies que l’on voit dans les musées de Rome et de Naples.

L’histoire ne fait mention d’aucune statue équestre chez les Romains, pendant le gouvernement des rois. Cependant le quadrige de cuivre rapporté de Camerinum par Romulus aurait pu leur servir de modèle pour la représentation des chevaux [1]. Mais ce peuple naissant ne devait pas de si tôt songer à autre chose qu’à la guerre. Aussi, Tarquin l’Ancien,

  1. Denys d’Halicarnasse. ― Plutarque, Vie de Romulus.