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acquiert une souplesse qui permet de l’étendre sur les corps les plus raboteux, dont elle prend l’empreinte en se durcissant, de telle manière qu’elle peut servir de moule pour répéter mille fois la même image. Andrea moulait ainsi des mains, des pieds, des genoux, des jambes, des bras et des torses, afin de les copier tout à son aise. Bientôt après, on vint à mouler à peu de frais les visages des personnes mortes ; aussi voit-on, dans chaque maison de Florence, au-dessus des cheminées, des portes, des fenêtres et des corniches, une foule de ces portraits auxquels il ne manque que la parole pour être vivants. À l’aide de cet utile procédé, qui s’est conservé jusqu’à nos jours, nous sont parvenus les portraits fidèles de la plupart des personnages qui remplissent les tableaux du palais du duc Cosme. C’est ainsi que l’on arriva à obtenir des images d’une rare perfection, non-seulement à Florence, mais dans tous les lieux où l’on avait coutume de déposer de grossiers ex-voto en argent ou en cire.

Andrea, s’étant lié d’amitié avec l’habile cirier Orsino, commença à lui enseigner les moyens d’introduire de notables améliorations dans son art. Lorsque Laurent de Médicis eut été blessé à Santa-Maria-del-Fiore, ses amis et ses parents résolurent d’élever son image en plusieurs endroits, pour rendre grâces à Dieu, qui l’avait préservé de la fin tragique de son frère Julien. Orsino, sous la direction d’Andrea, fit alors trois figures en cire de grandeur naturelle, dont il forma la carcasse de pièces de bois entrelacées de joncs coupés en deux, et recou-