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beau Marsyas en marbre blanc, pour le placer sous la porte de son jardin, qui donne sur la via de’Ginori. Son neveu, Laurent, voulut faire un pendant à cette statue avec un torse et une tête d’un autre Marsyas en pierre rouge auquel manquaient les jambes, les cuisses et les bras. Andrea entreprit cette importante restauration, et réussit à satisfaire complètement Laurent. Le torse antique s’adaptait d’autant mieux à un Marsyas écorché, qu’il se trouvait, dans la pierre rouge, quelques veines blanches et déliées qui ressemblaient exactement à cs petits nerfs que l’on rencontre dans les écorchés. Aussi, ce morceau devait-il produire un effet saisissanf, lorsqu’il avait son premier lustre.

À cette époque, les Vénitiens, désirant honorer la mémoire de Bartolommeo, de Bergame (6), qui avait souvent amené la victoire sous leurs drapeaux, chargèrent Andrea de jeter en bronze la statue équestre de ce capitaine, qui était destinée à orner la place de S.-Giovanni-e-Paolo. Andrea avait déjà achevé le modèle du cheval, et s’apprêtait à le couler, quand, par la protection de certains gentilshommes, Vellano de Padoue obtint de faire la figure de Bartolommeo. À cette nouvelle, Andrea, furieux, mit en pièces la tête et les jambes de son modèle, et partit pour Florence sans souffler mot (7). La seigneurie, offensée de ce procédé, lui enjoignit de ne jamais revenir à Venise, sous peine d’avoir la tête tranchée. Andrea répondit qu’il s’en garderait bien, sachant qu’il n’était pas en leur pouvoir de rattacher sur les épaules d’un homme la tête qu’ils en auraient