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se faire une idée de ces étranges inventions. Derrière l’orateur sacré se tient un singe grimaçant, ou un ours grotesque mangeant un gâteau de miel. Au-dessus de son épaule est perché un perroquet ou un écureuil ; sous ses pieds, au bas de la chaire, est couché un cheval, un bœuf ou un âne ; sur les marches de l’escalier, dont l’entrée est défendue par des tigres ou par quelques enfants bouffis, rampent des serpents, des couleuvres, des limaçons, des escargots. Et tout cela est pêle-mêle avec des rideaux à franges, des nuages, des rayons de soleil, des chérubins, des patriarches, avec le Saint-Esprit, le Père Éternel, la Vierge et des saints et des saintes qui paraissent être les gardiens de cette ménagerie, au milieu de laquelle il est fort difficile de reconnaître la chaire évangélique. De nos jours, on ne s’est point jeté dans de telles extravagances, probablement parce qu’elles sont très-dispendieuses. Mais quel caractère a-t-on imprimé à cette auguste tribune d’où partent les enseignements des ministres de Dieu ? On en a fait un ouvrage de pure menuiserie plus ou moins propre, plus ou moins ridicule, et surtout pas trop coûteux.



NOTES.

(1) Le tombeau de Benedetto est dans les souterrains de San-Lorenzo, à côté de celui de Donatello. On y lit cette inscription :

Juliano et Benedicto Leonardi FF. de Maiano et suorum
MCCCCLXXVIII.