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mal. Nous citerons pour exemple la fameuse chaire de Benedetto da Maiano, à Santa-Croce de Florence, que Vasari nous a présentée comme un chef-d’œuvre. On se souvient que Benedetto fit passer son escalier au travers du pilier auquel il adossa sa chaire. Que l’on admire la manière ingénieuse dont il leva les difficultés inhérentes à cette opération, en armant d’un côté le pilier par des liens de bronze, et de l’autre en le renforçant extérieurement de tout ce qu’il avait enlevé à l’intérieur ; que l’on admire les magnifiques bas-reliefs dont il enrichit ce morceau, rien de mieux ; mais le bon goût ne saurait approuver cette lourde tribune de marbre suspendue en l’air par d’invisibles attaches ; mais l’œil le moins exercé sera toujours profondément blessé par le porte-à-faux réel qui résulte de ce corps avancé et menaçant, dépourvu de base, privé de tout support apparent. Une fois engagé dans cette voie, on ne tarda pas à tomber dans les caprices les plus déplorables. Si les sculpteurs avaient remplacé les architectes dans l’exécution des chaires, ils furent à leur tour dépossédés par les menuisiers ; car le bois, à cause de sa légèreté, avait été préféré au marbre. Les chaires se montrèrent alors sous la forme de culs-de-lampe surmontés d’un couronnement assez semblable à un éteignoir. Puis, lorsqu’on renonça à les suspendre, on les façonna en rochers soutenus par des palmiers ou des pommiers couverts de fruits, d’oiseaux, de groupes d’anges, et entourés d’animaux de toute espèces Il faut avoir visité les églises du Nord, pour