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du christianisme. Si nous ne nous trompons point, on doit en demander l’origine à cette cérémonie du nouveau culte qui consistait à lire et à expliquer l’Écriture-Sainte à un nombreux auditoire. Le jubés des premières basiliques, composés de deux tribunes dont l’une était destinée à la lecture de l’épître et l’autre à celle de l’évangile, fournirent sans doute le modèle des doubles chaires, nommées ambones, que l’on voit dans les plus anciennes églises, comme à San-Lorenzo extrà muros, et à San-Clemente de Rome. Ces ambones montaient de fond et présentaient ainsi une masse architecturale qui, par ses conditions de solidité, semblait se rattacher essentiellement à la construction de l’édifice. Un escalier conduisait à chacune des deux tribunes, dont l’intérieur était occupé par un siége de marbre devant lequel était un pupitre de même matière. Mais lorsqu’à la simple lecture des livres saints eurent succédé les harangues religieuses, il fallut, pour la commodité des auditeurs, élever les chaires au milieu de la nef, et bientôt il n’y en eut plus qu’une dans chaque église. Alors on imagina d’asseoir sur quatre piliers isolés une espèce de coffre carré qui n’avait rien d’architectural, et les sculptures dont on l’orna, si parfaites qu’elles fussent, ne purent compenser le mérite des formes primitives. L’escalier, n’étant plus lié à la tribune, devint un véritable hors-d’œuvre qu’on ne réussit à dissimuler qu’au moyen des procédés les plus bizarres et les plus contraires à la raison : aussi est-il permis de dire que le remède fut pire que le