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lui procurèrent des marchands florentins. On trouva chez lui, après sa mort, les ébauches de ces deux portraits, avec beaucoup d’autres choses.

Enfin, de retour à Florence, il sculpta, pour Pietro Mellini, citoyen florentin et très-riche marchand d’alors, la chaire en marbre de Santa-Croce, que l’on regarde comme le plus beau et le plus précieux morceau en ce genre. En effet, les figures des histoires de saint François sont exécutées avec une telle perfection, que l’on ne peut rien demander de plus au marbre. Benedetto y représenta des arbres, des rochers, des édifices, des perspectives, avec un art que l’on ne saurait assez louer. On dit que, pour exécuter cet ouvrage à son gré, Benedetto eut quelques démêlés avec les intendants de Santa-Croce qui lui refusaient la permission de percer l’escalier de sa chaire dans l’intérieur d’une colonne sur laquelle reposaient plusieurs des arcs qui soutiennent le toit. Ils craignaient que la colonne, ainsi affaiblie, ne pût résister au poids qui la surchargeait, et n’entraînât la ruine d’une partie de l’église. Mais Mellini parvint à les fléchir en leur assurant qu’il n’y avait aucun danger à redouter. En effet, Benedetto, après avoir armé de liens de bronze la colonne du côté de la chaire, la renforça extérieurement d’autant de matière qu’il lui en avait enlevé à l’intérieur pour pratiquer son escalier. Cette opération ne laissa rien à désirer dans ses détails aussi bien que dans son ensemble.

Lorsque Filippo Strozzi l’ancien eut résolu de bâtir son palais, il le fit commencer sur le modèle