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de son oncle Giuliano, qui servait ce prince en qualité d’architecte. Benedetto se transporta lui-même dans cette ville, mais le séjour lui en déplut et il revint à Florence, où il ne tarda pas à exécuter deux magnifiques coffres en marqueterie pour Mathias Corvin qui entretenait alors à sa cour plusieurs Florentins. Benedetto, cédant aux sollicitations de ce roi, s’embarqua pour la Hongrie. Mathias l’accueillit de la manière la plus gracieuse, et le pria de déballer en sa présence ses deux précieux coffres. Mais, hélas ! l’humidité avait tellement amolli la colle, qu’à peine les toiles cirées enlevées, toutes les pièces de marqueterie tombèrent à terre. Si Benedetto resta confus et stupéfait devant la foule de seigneurs qui l’environnaient, chacun l’imaginera facilement. Toutefois il répara ce malheur le mieux qu’il put, et le roi lui témoigna sa satisfaction. Néanmoins, la honte qu’il avait ressentie lui fit prendre cet art en aversion. II s’arma de courage et se consacra à la sculpture qu’il avait déjà pratiquée à Loreto, où il avait enrichi la sacristie d’un lavoir soutenu par des anges en marbre. Avant de quitter la Hongrie, il modela quelques ouvrages en marbre et en terre pour prouver au roi qu’il ne fallait attribuer sa mésaventure qu’aux vices inhérents à la marqueterie.

Dès qu’il fut de retour à Florence, les Signori le chargèrent d’orner la porte de leur salle d’audience d’enfants supportant des guirlandes, parmi lesquels on admire surtout un petit saint Jean haut de deux brasses. Sur l’un des battants de la porte, Benedetto