quelque argent, un médaillon exactement semblable au dernier dont nous avons parlé, Sandro le vendit six florins d’or à un citoyen, et dit à Biagio, qu’il rencontra un instant après : «J’ai enfin vendu ta peinture, mais il faut ce soir l’accrocher au haut de l’atelier, parce qu’elle se verra mieux. Demain matin tu iras chercher le citoyen, et la lui montreras dans son beau jour, afin qu’il te paie comptant. » — « Oh ! que vous avez bien fait, mon maître, » s’écria Biagio, et de suite il courut à l’atelier, où il plaça son médaillon le plus haut possible, puis il partit. Pendant ce temps, Sandro et Jacopo, qui était un autre de ses élèves, firent en papier huit capuchons dont ils coiffèrent, avec de la cire blanche, les huit anges qui entouraient la Madone du médaillon. Le lendemain matin, Biagio arrive avec son acheteur, auquel on avait donné le mot. En entrant dans l’atelier, Biagio leva les yeux et vit sa Madone assise, non au milieu d’anges, mais au milieu de citoyens florentins. Il fut sur le point de s’écrier et de s’excuser auprès de son acheteur, mais comme celui-ci semblait ne s’apercevoir de rien d’étrange, et même louait la peinture, il se tint coi de son côté. Bref, Biagio sortit avec le citoyen qui l’emmena chez lui, pour lui payer les six florins convenus. De retour à l’atelier, au moment même où Sandro et Jacopo venaient d’enlever les capuchons de papier, Biagio, au lieu des citoyens florentins, ne vit plus que ses anges. Sa stupéfaction fut extrême. Il n’osait plus penser. Enfin il se tourna vers Sandro, et lui dit : « Maître, je ne sais vraiment si je rêve ou
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