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milieu des peintres florentins et autres qui travaillaient avec lui. Aussi le pape le récompensa-t-il richement. Mais Sandro, doué d’une imprévoyance extraordinaire, eut bientôt dépensé à Rome tout ce qu’il avait reçu.

Dès qu’il se vit sans un écu, il partit pour Florence, où il commenta une partie du Dante, et fit une représentation de l’Enfer qu’il mit en estampe, sans s’occuper d’autre chose, ce qui lui occasionna une perte de temps considérable qui jeta dans sa vie une infinité de désordres. Il fit encore, mais dans une mauvaise manière, quelques gravures d’après ses propres dessins. Sa meilleure est le Triomphe de la foi de Fra Girolamo Savonarola de Ferrare. Il embrassa le parti de ce fougueux prédicateur avec une telle ferveur, qu’il abandonna la peinture, et, comme il ne possédait aucune ressource, il tomba dans le plus grand embarras. Il persista à faire le pleureur, comme l’on disait alors, et négligea son art, de telle sorte qu’il serait presque mort de faim s’il n’eût été secouru par ses amis et par le vieux Laurent de Médicis, pour lequel il avait beaucoup travaillé, surtout dans le petit hôpital de Volterra.

On trouve encore de la main de Sandro, à San Francesco, hors de la porte San-Miniato, un médaillon représentant une Madone et quelques anges de grandeur naturelle et d’une beauté ravissante.

Sandro, doué d’un esprit vif et enjoué, se plaisait à jouer des tours à ses élèves et à ses amis. Un de ses disciples, nommé Biagio, ayant fait, pour en tirer