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présente François Sforza tenant Vérone sous ses pieds, et l’autre un piédestal orné de batailles sur ses faces, et surmonté d’un guerrier renversé que franchit un coursier fougueux guidé par le duc de Milan. Je n’ai jamais pu découvrir la raison qui a empêché Antonio de mettre en œuvre ces projets.

Il laissa quelques médailles d’une beauté remarquable, et, entre autres, celle de la Conjuration des Pazzi, où l’on admire les têtes de Laurent et de Julien de Médicis. Sur le revers, on voit le chœur de Santa-Maria-del-Fiore, et le terrible drame qui s’y passa. Il est inutile de parler de ses médaillons de divers pontifes, et de plusieurs autres choses qui sont connues de tous les artistes.

Il avait soixante-deux ans lorsqu’il mourut, et son frère Piero soixante-cinq ans. Parmi ses nombreux élèves, on compte Andrea del Sansovino. Son bonheur voulut qu’il rencontrât des papes riches et puissants, et que sa patrie jouît d’une paix profonde qui lui permit de prendre librement son essor, que la guerre, ennemie des arts et des sciences, aurait pu arrêter.

On fit sur ses dessins, pour San-Giovanni de Florence, deux dalmatiques, une chasuble et une chape de brocart, tissues d’un seul morceau sans aucune couture. Divers traits de la vie de saint-Jean formèrent les ornements, et furent divinement brodés par Paolo de Vérone, le plus habile artiste en ce genre. Il rendit les figures avec l’aiguille, aussi bien qu’Antonio aurait pu le faire avec le pinceau. On ne sait vraiment ce qu’on doit le plus admirer du beau