Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait tolérer que l’on eût si peu d’égards pour son frère. L’abbé, comme un sot qu’il était, ne sut que lui répondre. Le soir, le frère servant, selon sa coutume, couvrit la table d’un souper digne de galefretiers. David, furieux, après lui avoir lancé tous les plats à la tête, s’empara d’une miche de pain et la manœuvra de telle sorte, que le pauvre frère fut emporté dans sa cellule à moitié mort. L’abbé, qui était déjà au lit, se leva et courut au bruit, croyant que le monastère s’écroulait. Il trouva le frère dans un piteux état et commença à se fâcher contre David ; mais celui-ci, dont la colère ne faisait qu’augmenter, lui cria de se sauver au plus vite, et que son frère Domenico valait mieux que tous les malotrus du monastère. L’abbé, voyant à qui il avait affaire, baissa l’oreille et s’efforça de traiter dorénavant nos artistes suivant leur mérite.

De retour à Florence, Domenico peignit un tableau pour le seigneur de Carpi, et en envoya un autre, à Rimini, à Carlo Malatesta qui le déposa dans sa chapelle de San-Domenico. Ce dernier, exécuté en détrempe, contenait trois personnages, et était accompagné de divers sujets en petite proportion et de figures en couleur de bronze. Domenico fit encore deux autres tableaux, par l’ordre du magnifique Laurent de Médicis, dans l’abbaye de San-Giusto, hors de Volterra, que possédait alors en commende le cardinal Jean de Médicis, son fils, qui plus tard devint pape sous le nom de Léon. Cette abbaye a été rendue à la congrégation des Camal-