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Le métier d’orfévre déplaisait à Domenico : aussi ne cessait-il de dessiner. Doué d’un esprit parfait et d’un goût admirable, il ne tarda pas à acquérir une telle facilité, que, tandis qu’il travaillait à l’orfévrerie, il s’amusait, dit-on, à reproduire d’une manière frappante les images des personnes qui passaient devant la boutique. De là vient peut-être que ses tableaux fourmillent de portraits d’une ressemblance extraordinaire.

Ses premiers ouvrages sont à Ognissanti, où il peignit, dans la chapelle des Vespucci, un Christ mort avec quelques saints, et, au-dessus d’un arc, une Miséricorde dans laquelle il introduisit le portrait du navigateur Amerigo Vespucci. Dans le réfectoire du même couvent, il fit une Cène à fresque. À Santa-Croce, à droite en entrant dans l’église, il figura l’Histoire de saint Paul.

Ces divers travaux l’ayant mis en réputation et en crédit, Francesco Sassetti le chargea de couvrir de sujets tirés de la vie de saint François une chapelle de la Santa-Trinità. Domenico mena cette entreprise à fin avec un soin et un amour indicibles (2). Sur la première paroi, où sont fidèlement retracés le pont de la Santa-Trinità et le palais des Spini, il représenta saint François apparaissant dans les airs et ressuscitant un enfant. La douleur fait place à la joie sur le visage des femmes témoins de ce miracle. Les religieux qui sortent de l’église avec les fossoyeurs qui suivent la croix sont d’une vérité merveilleuse, ainsi que d’autres personnages parmi lesquels on reconnaît Maso degli Albizzi, Messer Agnolo