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donner des fêtes et en jouir elles-mêmes, comme les milices florentines accouraient près de leurs gonfaloniers lorsqu’il y avait du trouble dans la ville. Le petit peuple se formait en compagnies dont chacune avait son enseigne, son nom, et obéissait à un chef qui portait le titre d’empereur, de roi, de duc, de marquis, etc. ; ce qui a fait donner à cette association joyeuse le nom de Puissances. Leurs jeux consistaient en déguisements, en espèce de processions fastueuses, et plus souvent en combats simulés, qui dégénéraient presque toujours en batailles très-réelles et sanglantes.

Vers 1531, le duc Alexandre de Médicis, installé prince à Florence, par son beau-père Charles-Quint, eut l’idée, comme son prédécesseur en tyrannie, le duc d’Athènes, de gagner la populace en lui donnant de l’argent pour reformer les Puissances.

Aux noces de la princesse Éléonore avec don V. Gonzaga, en 1582, le grand-duc François Ier donna huit cents écus pour mettre les Puissances en jeu. Les compagnies se formèrent, et il y eut une bataille à coups de pierres dans la Grande-Rue ; la fureur des combattants devint telle, que, sans l’arrivée des lanciers armés de cuirasses et de salades, on n’aurait pu les séparer. Cependant il resta encore un asséz bon nombre de joueurs tués et blessés sur la place. Six ans après cet événement, en 1588, les Huit de garde et Balie sentirent la nécessité de réprimer la fureur des Puissances et de leurs sujets, qui se servaient d’armes, se défiaient entre eux, et, dans leurs transports, brisaient les boutiques et