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faire leur offrande. Pendant cette offrande, il courut par la ville une espèce de galère pleine de bouffons et entourée de diables à pied faisant mille extravagances. Ils rencontrèrent : un certain homme assez plaisant ; après l’avoir conduit au Palais-des-Prieurs, ils le firent monter dans la galère, le couvrirent de vêtements qu’ils se mirent bientôt à déchirer avec des crochets qu’ils avaient aux mains ; puis le couvrirent de nouveaux habits. Comme cette procession courait la ville, ils rencontrèrent un porteur de laine qui était si sot qu’il n’avait jamais pu arriver à exercer une autre profession. Les diables, le voyant passer, jetèrent tout-à-coup sur lui un hameçon et l’enlevèrent dans la galère, où ils lui mirent un aviron entre les mains, le forçant de ramer en lui donnant des coups d’un bâton de cuir rempli d’air. »[1]

Michel Montaigne, qui se trouvait à Florence vers l’an 1580, à l’époque où régnait le grand-duc François Ier, fut témoin d’une autre fête de saint Jean qu’il décrit ainsi

« La fête de saint Jean est célébrée avec la plus grande pompe, en sorte que l’on voit jusqu’aux jeunes filles en public ce jour-là. Le matin, le grand-duc, placé sous un dais, parut sur la place du Palais, dont les murs étaient ornés des plus riches tapis. Le nonce du pape était à sa gauche, et, plus loin, l’ambassadeur de Ferrare. Devant le prince, passèrent toutes ses villes et ses forieresses, à mesure qu’elles étaient appelées par un héraut. Quand

  1. Cambi. Delizie deqli eruditi, t. XXII.