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fête. Des hommes marchaient sur des échasses hautes de cinq ou six brasses, couverts d’énormes masques, de draperies ou d’armes peintes, d’où sortaient des bras et des jambes d’une grandeur prodigieuse. Lorsque ces colosses se mettaient en mouvement, on aurait cru voir un véritable géant. Chacun d’eux pouvait s’appuyer sur une pique que portait en avant un compagnon ; mais tout était arrangé de telle sorte que cette pique avait l’apparence d’une massue, d’une lance, ou d’une arme semblable à celle que les romanciers donnent à Morgant. À côté des géants, s’avançaient des géantes qui effraient un spectacle non moins curieux. Venaient ensuite, sur des échasses hautes de cinq ou six brasses, des fantômes qui se servaient d’une pique pour se soutenir, et plusieurs, dit-on, marchaient parfaitement sans aucun aide. Cela, du reste, ne semblera pas extraordinaire à ceux qui connais sent les cerveaux florentins ; car, sans parler de Montughi, le plus habile danseur de corde qui ait existé, ceux qui ont vu le Ruvidino, qui mourut il y a dix ans environ, savent que marcher sur la corde et sur des échasses, et sauter des murs de Florence en bas, lui était aussi facile qu’à nous de cheminer sur la terre. Il n’est donc pas étonnant que ces hommes aient pu accomplir les tours de force que nous avons racontés, et d’autres plus difficiles encore. Nous passerons sous silence ces bambochades en cire que l’on peignait de diverses manières, et qui étaient si grossières que, pour désigner une mauvaise peinture, on dit en y faisant allusion : « Ce