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lui dans l’histoire de l’art, longtemps avant qu’il ne fût appelé par Sixte IV à travailler dans la chapelle du Vatican qui porte encore aujourd’hui le nom de ce pontife. Ses peintures de Cestello et de San-Marco ont été malheureusement badigeonnées, mais sa vaste fresque de Sant’-Ambrogio s’est conservée dans toute son intégrité et permet d’apprécier la souplesse et la maturité de son talent. Ce tableau, dont Vasari nous a dit quelques mots, représente le peuple et le clergé de Florence accompagnant processionnellement l’évêque qui porte au palais épiscopal une hostie miraculeuse. Toutes les nuances d’expression et de sentiment que comporte un tel sujet sont rendues avec un bonheur qui dénote non-seulement une grande adresse pratique, mais encore une rare justesse d’observation et une sorte d’intuition fine et naïve, fortifiée par de tientes et sérieuses études. La composition est abondante, sans tomber dans la fadeur ou la prolixité. Chaque épisode, chaque personnage, chaque accessoire, loin d’être inutile, est doublement nécessaire pour le charme qu’il recèle en lui-même et pour l’intérêt de l’action qu’il augmente et dont il complète l’intelligence. L’aspect et les lignes de l’ensemble sont en harmonie parfaite avec les besoins et les convenances de la scène. Rien de maniéré, de compassé, de forcé ; rien qui blesse l’œil ou l’esprit. La richesse ne nuit point à la sobriété, l’unité ne perd rien à la variété. Il n’y a pas jusqu’aux portraits, dont cette composition fourmille, qui n’ajoutent à sa valeur en lui imprimant un profond