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qu’ils ne présentaient plus que l’aspect de masses informes ; une multitude de tableaux, de statues, de bas-reliefs, avaient été enlevés, déplacés, dégradés de la manière la plus déplorable ; et, pour se débrouiller dans cet inextricable chaos, l’historien ne rencontrait que des renseignements écrits, tout à fait incomplets, et des traditions fort suspectes, non-seulement sur les productions des maîtres, mais encore sur leurs noms et sur les lieux et les époques où ils avaient vécu. L’œuvre entreprise par Vasari était donc hérissée de difficultés si graves et si nombreuses, que, pour être accomplie sans méprises, sans lacunes, en un mot, sans imperfections, elle aurait exigé l’assiduité de toute la vie de plusieurs hommes possédant des connaissances spéciales et profondes, un tact exquis, une vaste intelligence, une perspicacité rare, et enfin une constance et un courage solidement cuirassés contre les ennuis et les obstacles inséparables de recherches fatigantes et ardues. Or, ce gigantesque travail n’était pour Vasari qu’un simple délassement, qu’un simple accessoire. Bâtissant, peignant et sculptant des palais, des églises, des arcs de triomphe, des villas, des musées, pour les ducs de Toscane, pour l’empereur Charles-Quint, pour les papes, les cardinaux et la plupart des princes et des seigneurs d’italie, Vasari, on le conçoit, ne put consacrer tous les soins nécessaires à chacune des innombrables notices que le plan de son livre embrassait. Les ressources que lui procuraient ses correspondances avec les écrivains et les amateurs les plus distingués