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nier tableau de Gentile, le Vivarino représenta Othon s’offrant au pape et aux Vénitiens pour aller lui-même engager son père Frédéric conclure la paix. Othon agenouillé prête serment entre les mains du pape assis sur son trône et entouré de sénateurs. Un beau temple en perspective et quantité de personnages, complètent cette belle composition. Le Vivarino peignit ensuite Othon prosterné aux genoux de son père qui l’accueille avec une joie extrême, en présence des gentilshommes vénitiens qui l’ont accompagné. Ce sont autant de portraits fidèles qui prouvent avec quelle conscience le Vivarino imitait la nature. Certes, il aurait honorablement conduit à fin son travail, si une mort prématurée, causée par l’excès de la fatigue, ne fût venue le frapper. Giovanni Bellini fut donc obligé de retoucher en quelques endroits ces deux tableaux du Vivarino, à la suite desquels il en fit quatre dont le premier représente Frédéric Barberousse baisant le pied du pape dans l’église de San-Marco. Ce même sujet a été traité avec une supériorité incontestable par le grand Titien. Dans le second tableau de Giovanni, on voit, entre le doge et l’empereur, le pape disant la messe à San-Marco, et accordant des indulgences plénières et perpétuelles aux fidèles qui visiteraient cette église à certaines époques, et particulièrement le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur. L’architecture de l’intérieur de l’église et les costumes du pape, des cardinaux et des gentilshommes, produisent un spectacle d’une richesse et d’une pompe extraordinaires. Le souverain pontife,