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pape debout donnant sa bénédiction au doge, couvert de ses armes, environné de soldats et suivi d’une longue file de gentilshommes. Ce tableau, qui renferme encore le palais et l’église de San-Marco, est une des meilleures productions de Gentile. Néanmoins, il paraît moins riche d’invention que celui de la Bataille navale qui vient ensuite. La quantité incroyable des galères et des barques, la savante ordonnance du combat, la fureur des soldats, la douleur des blessés, la chute des morts, le mouvement des vagues, l’agitation des navires, tout, en un mot, dans cette terrible composition, aussi bien le moindre détail que l’ensemble complet, atteste le génie de Gentile. Le dernier tableau de cette série représente le pape recevant le doge victorieux et lui donnant un anneau d’or pour épouser la mer ; ce qu’ont fait depuis tous ses successeurs, en témoignage de la souveraineté que Venise exerce sur cet élément. Othon, fils de Barberousse, est agenouillé devant le pape, accompagné de ses cardinaux. Parmi les poupes de galères, on reconnait celle de la Capitane, surmontée d’une victoire dorée assise, la tête couronnée de lauriers et la main armée d’un sceptre.

La décoration des autres parois de la salle fut allouée à Giovanni, frère de Gentile ; mais comme les sujets qu’il y peignit se rattachent à ceux commencés et presque entièrement achevés par le Vivarino, qui lui fut adjoint pour exciter entre eux une noble émulation, il faut que nous parlions préalablement un peu de cet artiste. À côté du der-