ciproquement des éloges d’autant plus sincères que chacun d’eux se faisait inférieur à son frère. Ils cherchaient ainsi modestement à se vaincre en bonté et en courtoisie, non moins qu’en talent.
Les premières productions de Giovanni furent plusieurs portraits qui plurent beaucoup, et particulièrement celui du doge Loredano, que diverses personnes prétendent n’être autre que celui de Giovanni Mozzenigo, frère de ce Pietro qui fut doge bien longtemps avant Loredano. Giovanni fit ensuite, dans l’église de San-Giovanni, sur l’autel de Sainte-Catherine de Sienne, un immense tableau où l’on voit la Vierge assise avec son Fils, saint Dominique, saint Jérôme, sainte Catherine, sainte Ursule et deux autres vierges. Aux pieds de la madone, trois petits enfants debout chantent devant un livre. Le portique d’un riche édifice couvre la partie supérieure de cette composition, que l’on comptait parmi les meilleures que Venise possédait alors. Dans l’église de San-Giobbe, sur l’autel dédié à ce saint, Giovanni peignit la Vierge avec l’Enfant Jésus, saint Job, saint Sébastien, saint Dominique, saint François, saint Jean, saint Angustin et trois petits enfants qui jouent de divers instruments. Ce morceau, d’un dessin correct et d’un beau coloris, a été et est encore justement admiré.
Les Vénitiens, ayant reconnu le mérite de nos artistes, pensèrent que, pour profiter dignement de leur talent, il serait bon de les charger de représenter, dans la salle du grand conseil, les actions les plus glorieuses de leurs concitoyens, afin que ces