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transportés au loin sans difficultés et sans dépense. Jacopo et Gentile firent donc, comme nous l’avons dit plus haut, leurs premiers ouvrages sur toile. À l’Histoire de la croix, Gentile ajouta sept ou huit tableaux où il figura le Miracle de la croix du Christ qui, par je ne sais quel accident, étant tombée du pont de la Paglia dans le canal, ne put être prise que par le gardien de l’école de San-Giovanni-Evangelista, qui, de tous les fidèles qui se jetèrent à l’eau pour obtenir cet honneur, en fut seul jugé digne par le ciel. Gentile, en retraçant cet événement, représenta les édifices qui bordent le canal, le pont de la Paglia, la place de San-Marco et une longue procession d’hommes et de femmes marchant derrière le clergé. Cette peinture dut coûter un énorme travail à Gentile, car elle renferme une multitude de personnages et de portraits d’après nature, et, entre autres, ceux de presque tous les membres de la confrérie de San-Giovanni-Evangelista. En outre, Gentile peignit l’Exaltation de cette croix, tableau qui ne lui valut pas moins d’éloges que les autres.

Quelque temps après, Jacopo se sépara de ses fils, dont chacun alla de son côté se livrer à ses études. Mais je ne parlerai plus de Jacopo, tant parce que ses œuvres s’effacent devant celles de ses enfants, que parce qu’étant mort bientôt après les avoir quittés, il me semble plus utile de ne m’occuper que de Giovanni et de Gentile. Il est bon de noter ici en passant que ces deux artistes, tout en vivant éloignés l’un de l’autre, ne cessèrent jamais de se porter une vive affection et de se donner ré-