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où il représenta les Gonzaga et quelques sujets mythologiques. Bologne n’a pas plus de droits à réclamer Lorenzo, bien qu’il paraisse l’y avoir autorisée en écrivant au bas du portrait de Giovanni Bentivoglio : L. Costa Franciæ discipulus. Nous admettons que cette inscription ne soit pas d’une autre main que la sienne, sorte de supercherie dont il ne serait pas cependant difficile de citer une foule d’exemples ; mais, s’il l’y plaça, ce ne fut que par une adroite spéculation, afin de se procurer un plus grand crédit en se montrant sous le patronage d’un maître qui, suivant Malvasia, « fut considéré et célébré comme le premier homme de son siècle, » et qui, selon Vasari, « était regardé comme un Dieu. » L’histoire rapporte quantité de traits semblables. Ainsi Agostino Tassi, disciple du Flamand Paul Bril, obtint une brillante fortune en persuadant qu’il appartenait à l’école des Carraches ; ainsi, de nos jours, combien d’artistes ne se sont-ils pas fait passer pour élèves de David, qu’ils n’avaient aperçu de leur vie. D’un autre côté, peut-être Lorenzo, poussé par un sentiment plus noble et plus désintéressé, voulut-il seulement témoigner au Francia son profond respect, en le proclamant son maître. Quoiqu’il en soit, il est certain que Lorenzo ne vint à Bologne que dans un âge assez avancé, et après avoir exécuté quantité de tableaux à l’huile et de fresques à Ferrare, à Ravenne et dans d’autres villes. Découvre-t-on au moins quelque ressemblance entre ses peintures et celles du Francia ? Non, tout au contraire. Ses personnages sont moins sveltes, ses têtes ont un